I. Pour comprendre
II.
Structures de prise en charge des IVG
III. Accueil et organisation
IV.
Déroulement de la prise en charge
V.
Techniques d’IVG en fonction de l’âge
gestationnel
VI.
Prise en charge de la douleur
VII. Prévention des complications infectieuses
VIII. IVG médicamenteuse
IX. IVG par technique chirurgicale
X.
Évaluation de la pratique de l’IVG
________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________
Objectifs pédagogiques
Connaître les modalités
réglementaires légales et les recommandations.
Connaître les différentes
techniques d’IVG.
Connaître les complications
et leurs répercussions.
__________________________________________________________________________________
225 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été réalisées en
France en 2010, dont 212 000 en métropole selon la DREES (Direction de la
Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques). Le nombre est
pratiquement stable depuis 2006. Chaque année 14,7 IVG pour 1 000 femmes âgées
de 15 à 49 ans sont pratiquées en France.
L’historique et la législation peuvent être résumés comme suit :
•
Décret du 5 octobre 1953 : avortement thérapeutique autorisé si la vie de
la mère est gravement menacée.
•
28 juin 1974 : l’Assemblée nationale vote le projet de loi de Simone Veil,
ministre de la Santé, sur la libéralisation de la contraception. La Sécurité
sociale rembourse la pilule. Les mineures ont droit à l’anonymat.
•
26 novembre 1974–29 novembre 1974 : débat à l’Assemblée nationale sur le
projet de Simone Veil de dépénaliser l’interruption volontaire de grossesse.
•
17 janvier 1975 : promulgation de la loi Veil, réglementant l’IVG pour une
période de cinq ans.
•
30 novembre 1979 : la loi Veil est reconduite définitivement.
•
31 décembre 1982 : la Loi Roudy permet le remboursement de l’IVG par la
Sécurité sociale.
•
27 janvier 1993 : la loi Neiertz crée le délit d’entrave à l’IVG en
réaction aux commandos anti-IVG.
•
Mars 2001 : dans les collèges et les lycées, les infirmières scolaires sont
autorisées à délivrer la pilule du lendemain (Norlevo®).
•
4 juillet 2001 : la loi Aubry dépénalise l’avortement, porte de 10 à 12
semaines de grossesse (c’est-à-dire de 12 à 14 semaines d’aménorrhée) le délai
légal de l’IVG et supprime l’autorisation parentale obligatoire pour les
mineures.
•
Pour les mineures non émancipées. Le médecin doit s’efforcer d’obtenir l’autorisation
d’un des deux parents ou du représentant légal, ou vérifier que cette démarche
a été faite lors de la consultation sociale. En cas d’absence de consentement
parental, ou si la mineure veut garder le secret, l’IVG peut être pratiquée à sa seule demande, mais elle est tenue de se
faire accompagner par une personne majeure de son choix (loi du 04/07/2001).
Cette personne n’engage pas sa responsabilité civile ni pénale, elle a juste
une mission d’accompagnement et de soutien psychologique et ne se voit pas
attribuer un rôle d’autorité parentale.
•
Pour les femmes étrangères : l’IVG n’est plus soumise à aucune condition de
durée et de régularité du séjour en France.
•
9 janvier 2002 : le décret N°2002-39 impose aux pharmaciens la délivrance
gratuite de la pilule du lendemain aux mineures.
•
Décret n° 2013-248 du 25 mars 2013 (article L. 322-3 du code de la Sécurité
sociale) : les frais de soins, de surveillance et d’hospitalisation liés à une
interruption volontaire de grossesse par voie instrumentale ou par voie
médicamenteuse sont intégralement pris en charge par l’Assurance maladie.
•
24 janvier 2014 : adoption d’un amendement à l’Assemblée nationale qui
assouplit le droit à l’interruption volontaire de grossesse. Cet amendement
modifie la loi Veil de 1975 qui instaurait le droit à l’avortement pour toute «
femme enceinte que son état place en situation de détresse ». Il supprime cette
notion de « détresse » en la remplaçant par le droit des femmes à choisir ou
non de poursuivre une grossesse, donc « femme enceinte qui ne veut pas
poursuivre une grossesse ».
La structure de prise en charge, selon la HAS (Haute Autorité de Santé),
doit assurer un accueil correct avec le respect de la confidentialité, dans des
délais rapides avec un fonctionnement chaque semaine, sans interruption,
pendant toute l’année et s’organisant de façon à pouvoir prendre en compte les
recommandations médicales, techniques, sociales et psychologiques résumées
ci-dessous :
•
jusqu’à 12 SA (84 jours), les structures d’IVG sont :
–
soit intégrées dans un établissement de soins ayant un service de
gynécologie-obstétrique,
–
soit dans un établissement disposant d’un plateau technique permettant de
prendre en charge l’IVG et les complications,
•
au-delà de 12 SA, les IVG doivent être prises en charge dans une structure
disposant d’un plateau technique chirurgical. Ces structures doivent être
désignées et connues de tous les centres d’accueil des IVG au sein de chaque
département.
Il est indispensable que chaque centre d’accueil dispose au sein de l’établissement
d’au moins un échographe avec une sonde vaginale.
L’activité d’IVG entre dans le cadre d’un projet de service auquel adhèrent
tous les membres du personnel, qui participent à cette activité.
Les établissements publics qui disposent de lits ou de places en
gynécologie-obstétrique ou en chirurgie ne peuvent refuser de pratiquer des IVG
(décret N°2002-797 du 3 mai 2002).
Toute personne demandant une IVG doit obtenir un rendez-vous de
consultation dans les 5 jours suivant son appel. En effet, plus l’IVG
intervient précocement pendant la grossesse et plus le risque de complications
est faible. La précocité de réalisation permet en plus un choix plus large de
techniques utilisables. L’accès à l’IVG doit donc être simple et rapide.
Chaque structure de prise en charge des IVG doit disposer d’une ligne
téléphonique dédiée à cette seule activité, connue et largement diffusée.
En dehors des heures ou jours de présence du personnel, un message
téléphonique clair et précis apporte les réponses les plus utiles sur le
fonctionnement de l’unité et les principales démarches à effectuer.
Un accueil et un secrétariat opérationnels doivent permettre d’apporter les
principales réponses aux demandes des femmes, l’orientation vers les
consultations préalables, l’information sur les modalités de l’IVG.
Sauf cas exceptionnel, les IVG doivent être réalisées en ambulatoire ou en
hôpital de jour (séjour inférieur à 12 heures).
Lors de la première consultation, des informations claires et précises sont
apportées à la patiente sur la procédure (méthode médicamenteuse ou chirurgicale)
et les choix offerts de recours à l’anesthésie locale ou générale, ainsi que
sur le temps de réflexion. Outre cette information orale, les professionnels
établissent et mettent à la disposition des patientes des documents d’information
écrits.
À l’occasion ou préalablement à la consultation médicale, un entretien
psychosocial est systématiquement proposé. Il n’est pas obligatoire pour les
personnes majeures. Il l’est par contre pour les mineures. Il faut essayer de
comprendre les raisons de l’échec de la contraception actuelle ou de son
absence.
Il est précisé par l’interrogatoire et l’examen clinique voire par
échographie ; le recours à une échographie doit être possible sur place lors de
la consultation.
La consultation pré-IVG est l’occasion de proposer, selon le contexte
clinique, un dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST), dont
le VIH, et de réaliser un frottis cervico-utérin.
Il est abordé et éventuellement prescrit dès la visite précédant l’IVG.
Il est d’une semaine (7 jours), entre la première demande et la réalisation
de l’acte, et doit être respecté. Mais, une procédure d’urgence permet de
raccourcir le délai. Cette procédure s’applique aux femmes dont l’âge
gestationnel est situé entre 12 et 14 SA. Ce délai peut être réduit à 48 heures
si l’âge gestationnel de 14 SA risque d’être dépassé.
Immunisation Rhésus : toutes les patientes doivent disposer d’un groupe
Rhésus et d’une recherche d’agglutinines irrégulières. Si le Rhésus est
négatif, une prévention d’immunisation Rhésus par une injection de
gammaglobulines anti-D, devra être réalisée au moment de l’acte.
À l’issue de cette consultation, le médecin remet à la patiente :
• un dossier guide ;
•
un certificat initial de demande d’IVG (même si le médecin refuse de
réaliser l’IVG, il est tenu de signer le certificat initial).
Elle est réalisée 7 jours après la consultation initiale.
À l’occasion de cette consultation, la patiente devra confirmer, par écrit,
la demande d’IVG. Elle devra remettre l’attestation d’entretien social (pour
les mineures). Un formulaire de consentement doit être signé, un exemplaire
sera remis à la patiente.
Le médecin explique à la patiente l’organisation de l’acte et son
déroulement.
En cas d’IVG chirurgicale, un rendez-vous de consultation préanesthésique
sera donné.
Elle correspond au jour de réalisation de l’IVG.
La technique dépend du nombre de semaines d’aménorrhée, du choix de la
patiente. Nous y reviendrons.
La prévention de l’immunisation Rhésus est effectuée si le Rhésus est
négatif, par l’injection intra veineuse standard de gammaglobulines anti-D. En
cas d’IVG médicamenteuse, elle devra être effectuée le jour de la prise de
mifépristone.
La contraception devra être prescrite et démarrée dès le lendemain. La pose
d’un stérilet est déjà possible en fin d’aspiration en cas d’IVG chirurgicale.
C’est la consultation post-IVG. Elle est conseillée mais non obligatoire.
Elle se fait entre les 14e et le 21e jour après l’IVG.
Le but de cette consultation est de :
• vérifier l’arrêt des métrorragies ;
•
contrôler la vacuité utérine par l’examen clinique et le dosage de la βHCG ou l’examen
clinique complété par une échographie ;
•
vérifier la bonne compréhension et la bonne utilisation de la contraception
précédemment prescrite ;
•
vérifier la présence d’un éventuel dispositif intra-utérin mis en place
lors d’une IVG chirurgicale.
Dans tous les cas où cela est possible, les femmes doivent pouvoir choisir
la technique, médicale ou chirurgicale, ainsi que le mode d’anesthésie, locale
ou générale.
Il existe deux techniques :
• la technique chirurgicale : elle repose sur la dilatation du col et l’évacuation du contenu utérin par aspiration dans des conditions strictes d’asepsie. La dilatation du col peut être récédée d’une préparation cervicale médicamenteuse. Il s’agit d’un acte chirurgical ;
•
la technique médicale : elle repose sur l’association de l’antiprogestérone
(mifépristone) et de prostaglandines.
Il est déterminé, aussi souvent possible, en concertation avec la patiente.
La femme a le choix entre les deux techniques, chirurgicale et/ou médicale.
Généralement, l’option médicale est celle le plus souvent retenue par les
patientes.
Les deux techniques, chirurgicale ou médicale, sont utilisables selon les
disponibilités et le choix de la patiente.
Pour la technique chirurgicale, une préparation cervicale médicamenteuse est recommandée chez la nullipare. Elle repose sur :
•
mifépristone 200 mg per os 36 à 48 heures avant l’aspiration ;
•
ou misoprostol 400 μg par voie orale ou vaginale 3 à 4 heures avant l’aspiration.
La technique chirurgicale est la technique de choix.
Une préparation cervicale médicamenteuse est recommandée et est identique à
celle décrite précédemment.
L’évacuation utérine repose sur l’aspiration endo-utérine à l’aide d’une
canule et lorsque cela est nécessaire sur l’utilisation de pinces spécifiques
(notamment au-delà de 12 SA c’est-à-dire de 85 jours à 98 jours).
Elle s’accompagne de douleurs, modérées à sévères dans plus de 50 % des
cas, liées principalement à l’utilisation des prostaglandines. L’efficacité des
traitements antalgiques proposés dans l’IVG a été peu évaluée.
La technique d’anesthésie locale par bloc paracervical ne suffit pas, dans
un tiers des cas, à prévenir la douleur. Toutefois, l’injection du produit
anesthésique (lidocaïne) en intracervical et au niveau de la région isthmique
diminue significativement le score douloureux.
Les benzodiazépines sont inefficaces sur la douleur des IVG chirurgicales.
L’efficacité du paracétamol n’est pas prouvée. En revanche, l’administration d’ibuprofène
(AINS : anti-inflammatoire non stéroïdien) diminue le score douloureux per- et
postopératoire ; seul l’ibuprofène a été étudié.
Il s’agit du jeune âge, de la peur de l’acte, de l’existence d’un utérus
rétroversé, des antécédents de dysménorrhée, des grossesses les plus précoces
et les plus avancées. De telles situations justifient l’utilisation d’antalgiques
efficaces en préopératoire en cas d’IVG chirurgicale sous anesthésie locale ou
une anesthésie générale. Tout en sachant que le choix du mode d’anesthésie
(locale ou générale) revient à la patiente.
Si l’anesthésie générale est retenue, elle répond aux exigences du décret
n°94-1050 du 5 décembre 1994.
Même s’il n’y a pas d’évidence selon la littérature d’un effet bénéfique à
long terme, il est recommandé, en cas d’IVG chirurgicale, d’adopter une
stratégie de prévention des complications infectieuses par une antibiothérapie
en cas d’antécédent connu d’infection génitale haute.
Dans les situations à risque d’infections sexuellement transmissibles
(IST), il ne faut pas hésiter à proposer un prélèvement vaginal et/ou une
recherche de Chlamydiae trachomatis
par PCR sur les urines, suivi de traitement de la patiente et du (des)
partenaire(s) en cas de positivité.
En l’absence de facteur de risque infectieux, l’efficacité d’une
antibiothérapie n’est pas prouvée.
Elle repose sur l’utilisation possible de deux produits : la mifépristone
et le misoprotol.
Il s’agit d’un stéroïde de synthèse, antiprogestérone, ayant une forte
liaison aux récepteurs de la progestérone (sans les activer) et aux récepteurs
glucocorticoïdes.
La mifépristone entraîne :
•
un blocage de la progestérone responsable d’une nécrose déciduale
entraînant un détachement de l’œuf ;
•
des contractions utérines et des modifications cervicales.
Il s’agit d’un analogue de prostaglandine (PGE1), qui stimule la
contractilité utérine par liaison aux récepteurs spécifiques dans le myomètre
et entraîne l’expulsion de l’œuf.
La spécialité Cytotec® indiqué en gastroentérologie n’a pas d’autorisation
de mise sur le marché (AMM) dans l’indication d’IVG médicamenteuse.
•
Grossesse non confirmée biologiquement ou par échographie.
• Suspicion de GEU.
• Insuffisance surrénalienne chronique.
• Porphyrie héréditaire.
•
Asthme sévère non équilibré par un traitement (inhibition des effets
thérapeutiques des glucocorticoïdes).
•
Allergie connue à la mifépristone.
La mifépristone, sans être contre-indiquée, devra être utilisée avec une
grande prudence dans les situations suivantes :
• corticothérapie au long cours ;
• troubles de l’hémostase, anémie ;
• diabète insulino-dépendant ;
• insuffisance rénale ;
• insuffisance hépatique ;
• malnutrition.
Il est important de respecter les contre-indications classiques des
prostaglandines :
• antécédents d’asthme ;
• antécédent de bronchite spasmodique ;
•
antécédents cardio-vasculaires : angine de poitrine, troubles du rythme,
maladie de Raynaud, insuffisance cardiaque et hypertension artérielle grave non
équilibrée ;
• allergie aux prostaglandines.
Il faut éviter l’association mifégyne + analogue de prostaglandines s’il
existe des facteurs de risques cardio-vasculaires : hyperlipidémie, diabète.
L’IVG est réalisée en établissement de santé privé
ou public ou en cabinet agréé (le médecin ayant précédemment établi une
convention avec un centre d’IVG).
Choix possible entre deux protocoles :
• Protocole 1 :
–
600 mg de mifépristone, soit 3 comprimés (Mifegyne®) par voie orale, en une
seule prise à J1,
–
36 à 48 heures plus tard à J3 : misoprostol (Gymiso® 200 μg, 2 comprimés ou
Misoone® 400 μg 1 comprimé par voie orale).
NB : ce schéma thérapeutique n’est pas autorisé pour Miffee®, dont la dose
de 200 mg ne doit pas être dépassée.
• Protocole 2 :
–
200 mg de mifépristone (Mifegyne® ou Miffee®) par voie orale, en une seule prise
à J1,
–
36 à 48 heures : Géméprost® 1 mg par voie vaginale.
•
Un 3e protocole est utilisé par les praticiens. Il s’agit d’une
séquence hors AMM :
– 200 mg de mifépristone,
–
36–48 heures plus tard : misoprostol (Gymiso® 200 μg, 2 comprimés par voie orale.
Le taux de succès serait identique à celui du protocole 1 utilisant
mifépristone 600 mg.
• Protocole :
– 200 mg de mifépristone,
–
36–48 heures plus tard : Géméprost® 1 mg par voie vaginale.
Avec ce protocole, le taux de grossesses persistantes est à 0,5 à 1,5 %. L’utilisation
de 600 mg de mifépristone au lieu de 200 mg n’améliore pas le taux de succès,
ni le taux de grossesses évolutives.
•
Protocole utilisé hors AMM par certains praticiens :
– 600 mg de mifépristone,
–
36–48 heures plus tard : misoprostol 400 μg.
Le taux de grossesse évolutive est inférieur à 2 %.
NB : information éclairée de la patiente quel que soit le protocole d’IVG
médicamenteuse utilisé sur :
•
un risque possible d’échec de l’IVG, obligeant d’avoir recours à une
méthode chirurgicale, si l’interruption de grossesse est toujours souhaitée ;
•
un risque tératogène possible du misoprostol (pour les patientes qui
décident de poursuivre une grossesse qui n’aurait pas été interrompue par le
traitement médicamenteux).
Nécessité de la visite de contrôle 2 à 3 semaines plus tard afin de
vérifier la vacuité utérine.
La technique classique consiste en une dilatation cervicale à l’aide de
bougies de calibre croissant, suivie d’une aspiration du contenu utérin à l’aide
d’une canule adaptée au nombre de SA.
Des lésions traumatiques cervicales peuvent survenir pendant cette phase de
dilatation cervicale, d’où l’intérêt de différentes méthodes, médicamenteuses
ou mécaniques, de préparation du col, pour rendre plus facile la dilatation et
diminuer ces complications.
Les méthodes de préparation du col sont nombreuses :
•
méthodes mécaniques (dilatateurs hydrophiles) : laminaires naturelles,
laminaires synthétiques ;
•
méthodes médicamenteuses : antiprogestérone (mifépristone 200 mg per os),
36 à 48 heures avant l’aspiration, prostaglandines (misoprostol 400 μg) par voie orale ou
vaginale 3 à 4 heures avant l’aspiration.
On introduit par le col utérin la canule, reliée à un système d’aspiration.
Le produit d’aspiration devra être examiné macroscopiquement. Si l’aspiration
paraît incomplète, un contrôle échographique devra être effectué en
peropératoire pour vérifier la vacuité utérine.
•
Risques de l’anesthésie locale ou générale.
•
Malaise vagal : plus particulièrement en cas d’IVG sous anesthésie locale.
Il est le plus souvent en relation avec la dilatation cervicale. Une
information précise, un accompagnement adéquat de la patiente, une
prémédication par des anxiolytiques, et une préparation cervicale
médicamenteuse permettront de réduire ce risque.
•
Hémorragies : elles surviennent pendant et dans l’heure qui suit l’intervention.
La fréquence augmente avec l’âge gestationnel. Elles peuvent être dues à un
traumatisme du col par la pince à préhension, à une perforation utérine ou une
atonie utérine.
•
Hémopéritoine : il se voit dans les heures qui suivent l’acte. Il est le
plus souvent dû à une perforation utérine.
•
Perforation utérine (1 % des cas). Dans la majorité des cas, elle ne s’accompagne
d’aucune manifestation. Elle est due à une fausse route lors de la dilatation
du col, à une mauvaise évaluation de la profondeur de la cavité utérine et de l’orientation
de l’utérus.
• Perforation digestive : rare.
• Infections : endométrite (1 % des IVG).
•
Infections pelviennes hautes ascendantes (endométrite, salpingite, pelvi-péritonite).
•
Hémorragies dues à une rétention trophoblastique voire une rétention de l’œuf.
•
Complications thrombo-emboliques, en cas de terrain à risque.
•
Mortalité : 10 morts ont été déclarées en France par avortement légal pour
la période 1975–1985.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) retient les valeurs de 0,6 à 1,2
décès pour 100 000 avortements légaux avant 13 SA.
Le risque létal est principalement en rapport avec le terme de la grossesse
et avec l’expérience de l’opérateur.
Il existe aussi une mortalité en lien avec l’anesthésie. Sous anesthésie
générale, le taux de mortalité est de 0,6 pour 100 000 avortements soit 4 fois
plus que sous anesthésie locale. La mortalité peut être aussi due à des
accidents thrombo-emboliques.
•
Synéchie utérine, à l’origine d’une aménorrhée secondaire et de stérilité.
•
Obstruction tubaire post-infectieuse responsable de stérilité tubaire et de
grossesse extra-utérine.
•
Risques psychoaffectifs, avec souvent un sentiment de culpabilité. Un suivi
par un psychologue peut être nécessaire et proposé.
La prise en charge est résumée dans le tableau 5.1.
Tableau 5.1 Prise en charge d’une femme demandeuse d’une IVG.
Première consultation : accueil et information |
Remise du dossier guide |
– Le certificat initial rédigé et signé (même si le médecin refuse de
réaliser l’IVG, il est tenu de signer le certificat initial) |
|
– Orientation vers un entretien social (obligatoire pour les mineures) |
|
– Proposition du type d’anesthésie |
|
– Choix de la technique |
|
|
|
Deuxième consultation : conformation de l’IVG |
|
– Après un délai de réflexion de 7 jours (délai réduit à 48 h si risque
de dépasser 14 SA) |
|
– Remise de l’attestation de l’entretien social par la mineure |
|
– Formulaire de consentement signé par la patiente |
|
– Rendez-vous de consultation préanesthésique en cas d’IVG chirurgicale |
|
|
|
Troisième consultation : réalisation de l’IVG |
|
– La patiente a le choix entre l’IVG médicamenteuse et l’IVG chirurgicale
en fonction du terme |
|
– De 7 SA à 9SA : IVG médicamenteuse |
|
– Moins de 7 SA (49 jours) : établissement public, privé, cabinet libéral |
|
Protocole : mifépristone + prostaglandine |
|
– De 7SA + 1 jour à 9 SA (50 jours à 63 jours) : uniquement établissement
public, privé, en ambulatoire |
|
Protocole : mifépristone + prostaglandine Une dose d’immunoglobulines anti-D est effectuée si Rhésus négatif |
|
– De 9 SA + 1 jour à 14 SA (64–98 jours) : L’IVG est chirurgicale |
|
Se fait en établissement public ou privé Entre 12 et 14 SA : la structure doit posséder un plateau technique
chirurgical La préparation du col est recommandée avant l’aspiration Une dose d’immunoglobulines anti-D est effectuée si Rhésus négatif |
|
Quatrième consultation : consultation post-IVG |
|
– Proposée mais non obligatoire |
|
– Se fait entre 2 à 3 semaines après l’IVG (14–21 jours) |
|
– Vérification de l’arrêt des métrorragies |
|
– Contrôle de la vacuité utérine par examen clinique et βHCG ou examen
clinique et échographie |
|
|
|
Les IVG doivent donc être déclarées à l’Agence
Régionale de Santé (ARS). Cette déclaration est nécessaire pour la surveillance
épidémiologique locale et nationale et l’évaluation des pratiques.
Les données de ce recueil doivent être rapidement accessibles aux
professionnels.
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Points clés
•
Les centres d’IVG doivent être accessibles durant toute l’année. Elle peut
être réalisée jusqu’à 12 semaines de grossesse soit 14 SA.
• Un médecin n’est jamais tenu de pratiquer une IVG. Dans ce cas il doit informer l’intéressée dès la première visite de son refus et lui communiquer immédiatement le nom de médecins susceptibles de pratiquer l’acte. Il est tenu de signer le certificat initial.
•
Un délai de réflexion de 7 jours entre la première consultation et la
réalisation de l’acte est obligatoire. Ce délai peut être réduit à 48 h, dans
les procédures d’urgences, pour les patientes vues tardivement avec risque de
dépasser les 14 SA.
•
Concernant les mineures, en l’absence du consentement (non obligatoire) d’un
des parents, elles doivent se faire accompagner d’un adulte de leur choix. L’attestation
de l’entretien social est obligatoire avant la réalisation de l’acte.
•
Concernant les femmes étrangères, l’IVG n’est plus soumise à une durée de
séjour, ni à la régularité du séjour en France.
•
Les femmes peuvent réaliser leur IVG en dehors de tout contexte de
détresse.
•
L’IVG peut être réalisée par technique médicamenteuse jusqu’à 9 SA ;
au-delà de 9 SA, l’IVG est chirurgicale. La patiente choisit le type d’anesthésie
qu’elle désire : générale ou locale.
• La consultation médicale de contrôle doit être systématiquement proposée. Elle est nécessaire mais non obligatoire.
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